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Date : 20020828

Dossier : T-1848-99

Référence neutre: 2002 CFPI 900

ENTRE :

                                                        VAS-CATH INCORPORATED

                                                                                                                                              demanderesse

                                                                              - et -

                                                       SAKHARAM D. MAHURKAR

                                                                                                                                                      défendeur

                                                           MOTIFS DU JUGEMENT

                    (Rendus oralement à l'audience à Toronto (Ontario), le mercredi 21 août 2002)

LE JUGE HUGESSEN

[1]                 Il s'agit d'une requête pour jugement sommaire, présentée dans le cadre d'une instance en conflit de priorité introduite sous le régime de l'ancienne Loi sur les brevets, L.R.C. 1985, ch. P-4. Le commissaire a rendu une décision généralement favorable au défendeur relativement au conflit de priorité, et, par son action, la demanderesse cherche à faire modifier cette décision.


[2]                 Les avocats représentant les parties ont commencé à correspondre au mois d'avril 2001 en vue du règlement du différend. La correspondance s'est poursuivie sporadiquement jusqu'au mois de septembre 2001, et elle semble avoir couvert toutes les modalités du règlement. Elle indique expressément que chaque partie envisageait la conclusion d'une entente en bonne et due forme. Celle-ci n'a jamais été conclue; les parties ne sont plus d'accord, et le défendeur cherche à obtenir un jugement sommaire en invoquant le prétendu règlement tel qu'il ressort de la correspondance échangée.

[3]                 La requête ne repose que sur cette correspondance, et le défendeur n'a présenté aucun autre élément de preuve important. J'estime la preuve insuffisante. La loi énonce clairement que le simple accord portant sur la conclusion d'une entente n'est pas exécutoire. Or, il appert des documents que c'est ce dont il s'agit ici.


[4]                 Il est vrai, par ailleurs, qu'au plan de l'interprétation, il est loisible au tribunal, eu égard à l'ensemble des négociations entre les parties avant et , souvent, après la prétendue conclusion d'une entente, de juger que ce qui semble à première vue n'être qu'un accord visant la conclusion d'une entente est en fait un contrat exécutoire. Le tribunal peut conclure que les parties ne voyaient dans l'entente en bonne et due forme mentionnée dans les documents de négociation qu'un moyen de constater ou de signer le contrat qu'elles avaient conclu. Toutefois, cette possibilité est une exception à la règle générale énonçant que le simple accord visant la conclusion d'une entente ne constitue pas un contrat exécutoire. Pour tirer une telle conclusion, le tribunal doit avoir la preuve que les parties avaient l'intention, en échangeant les documents, de se lier de façon irrévocable. Les circonstances jouent un rôle important. Je n'ai pas l'intention d'en dresser une liste exhaustive, mais il est certain que les négociations passées des parties, leurs actions après l'échange de documents ainsi que les circonstances particulières entourant la conclusion de l'accord , seront des facteurs importants. La Cour apportera un intérêt particulier au moment où l'entente est conclue. Il est bien établi qu'un tribunal est plus susceptible d'interpréter favorablement une entente conclue à la porte de la salle d'audience (ou même dans la salle d'audience, sous la menace des épées de justice) et de statuer que les parties ont en fait conclu un contrat et non simplement un accord visant la conclusion d'une entente.

[5]                 Si vous me permettez une anecdote personnelle, je suis certain que je ne suis pas le seul à me rappeler des ententes à l'amiable griffonnées à la hâte (quand j'étais encore avocat) à l'endos d'un paquet de cigarettes (à présent, les avocats sont en meilleure santé que nous ne l'étions); mais les ententes les moins solennelles, qui étaient par la suite constatées dans de longs documents officiels, étaient incontestablement des ententes exécutoires entre les parties et considérées comme telles.


[6]                 Pour en revenir à la présente espèce, rien dans la preuve ne me permet de conclure qu'il existe davantage qu'un accord concernant la conclusion d'une entente. Je ne dis pas qu'il n'existait pas quelque chose de plus; peut-être y a-t-il eu plus, mais je ne le sais pas. Il incombait au défendeur, en sa qualité de partie requérante, de me convaincre qu'il n'y avait pas de véritable question à trancher, mais il ne s'est pas acquitté de ce fardeau de preuve; je ne puis que conclure au rejet de sa requête pour jugement sommaire.

(Plus tard)

[7]                 Je condamne le défendeur à payer les dépens de la demanderesse, que j'établis à 9 000 $, comprenant les débours, quelle que soit l'issue de la cause. Le paiement devra être effectué sans délai.

    

                                                                                                                               « James K. Hugessen »           

                                                                                                                                                                 Juge                      

Ottawa (Ontario)

28 août 2002

     

TRADUCTION CERTIFIÉE CONFORME

                                                                         

Ghislaine Poitras, LL.L.


                                                    COUR FÉDÉRALE DU CANADA

                                               SECTION DE PREMIÈRE INSTANCE

                                                 AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

  

DOSSIER :                                           T-1848-99

INTITULÉ :                                        VAS-CATH INCORPORATED      demanderesse

                                                                        - et -

                                                              SAKHARAM D. MAHURKAR       défendeur

  

LIEU DE L'AUDIENCE :                 TORONTO

DATE DE L'AUDIENCE :              LE MERCREDI 21 AOÛT 2002

MOTIFS DU JUGEMENT DE MONSIEUR LE JUGE HUGESSEN

EN DATE DU :                                   28 AOÛT 2002

  

ONT COMPARU :

M. D. Aylen

M. K. Sartorio                                       POUR LA DEMANDERESSE

M. Stephen M. Lane                              POUR LE DÉFENDEUR

  

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

GOWLINGS

Pièce 4900, Commerce Court Ouest

Toronto (Ontario), M5L 1J3                 POUR LA DEMANDERESSE

SIM , HUGHES, ASHTON

& McKAY, s.a.r.l.

330, avenue University

6e étage

Toronto (Ontario), M5G 1R7              POUR LE DÉFENDEUR

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